Les repères : ceux qu’on perd et ceux qu’on crée - Chroniques | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

Les repères : ceux qu’on perd et ceux qu’on crée

Le cycle pandémique nous a atteints, tous autant que nous sommes. À des degrés et intensités divers, j’en conviens, mais quand même. Au fil des semaines et des mois, nos repères personnels ont été bousculés. J’entends par « repères » tous ces éléments qui meublent notre quotidien et qui font qu’on sait où on s’en va. Le premier bonjour des gens qui habitent avec nous, le trajet en voiture pour aller au travail, le rendez-vous avec des amis, l’ambiance du quartier, le salut que nous font les voisins de la main, voilà autant de repères dont on ne réalise pas toujours l’importance.

Notre vie est étonnamment routinière, quand on y pense. Je me rends au boulot en empruntant résolument le même chemin chaque matin. Je change de voie sur le boulevard que j’emprunte au même endroit, à peu de choses près, chaque fois. Même le panneau électronique qui dénonce la vitesse de mon véhicule à un endroit précis devient un repère : un rappel à mettre la pédale douce parce qu’il y a d’autres humains sur ma route. C’est devenu un repère quand j’ai réalisé que ma journée débute mieux si le panneau gratifie ma vitesse du mot « merci » !

Ce que je viens de décrire n’a rien de bien exceptionnel. Rien pour écrire à sa mère, comme le disent les plus vieux (comme moi !). Vous avez, vous aussi, selon votre réalité, des repères quotidiens qui viennent baliser votre vie, apportant une forme de stabilité et de réconfort.

Quand tout est bousculé

Quand un être cher nous quitte, ce sont ces repères qui sont potentiellement bousculés. Chamboulés. Évidemment, tout est en lien avec notre proximité avec la personne défunte. Ainsi, dépendamment des situations, on ressent des pertes d’équilibre variables.

Le premier bonjour du matin, le coup de téléphone qui ne vient pas, la rencontre plus ou moins improvisée qui devenait un petit bonheur de notre journée. Tout ça n’est plus là.

On dit que le deuil, c’est apprendre à vivre avec l’absence. C’est exactement ça! Et c’est généralement plus simple à dire qu’à vivre!

Les leçons de la pandémie

Le fait de nous retrouver chacun chez soi, plus cloisonné qu’avant, n’a pas que du mauvais. Même si tout cela est un peu déboussolant au début, tout n’est pas sombre dans le fait de bousculer la rapidité de ce quotidien dans lequel on était entraînés. Voudrons-nous reprendre exactement comme c’était avant ? Peut-être pas.

Nous avons donc la chance de refaire nos repères. Une opportunité de modifier des choses. Des façons de vivre. Des façons de faire.

Recherche de sens et petits rituels

On trouve souvent (à raison !) que la mort d’un proche n’a pas de sens en soi tellement elle est cruelle pour celle ou celui qui reste.

Le sens dont il est question n’est pas dans la mort elle-même, mais dans la façon avec laquelle on va continuer notre vie ensuite. Et c’est là que des petits rituels non envahissants peuvent aider à conjuguer le passé au présent. Un petit lampion qu’on allume quand on s’ennuie, la petite phrase qui nous rappelle l’autre et qu’on laisse sur le frigo, une musique qu’on fait jouer en prenant un verre de vin.

Tous ces petits repères qui font que l’on continue à être accompagné par l’autre sans qu’il envahisse notre quotidien.

C’est un peu ça, refaire ses repères et apprendre à vivre avec l’absence.

François Fouquet, directeur général
Coopérative funéraire de l’Estrie

Classé dans : Le deuil Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide

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