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Ces mots du coeur laissés sur La Gentiane

Lorsqu’on est en deuil, il arrive que l’on ressente le besoin d’exprimer ses émotions ou de partager son expérience par le biais de l’écriture. Sur le site La Gentiane, ceux qui le souhaitent peuvent s’exprimer sous forme de témoignage, de lettre au défunt ou de poésie. Il est également possible d’intervenir sur la page Facebook, de participer au groupe de discussion de la Communauté de La Gentiane, ou encore de laisser un message suite à une chronique sur le deuil. Peu importe le moyen utilisé, les bienfaits apportés par l’écriture sont multiples, autant pour l’auteur que pour le lecteur.

Ce partage d’expérience permet une forme d’entraide qui nous est chère. Pour que vous puissiez également en bénéficier, voici un exemple de témoignage laissé sur La Gentiane suite à la chronique Le deuil suite à la mort violente.

*   *   *

Trouvant difficilement le sommeil depuis deux mois, je me retrouve cette nuit à lire vos témoignages. Vous m’avez tous émue et, tristement, je me sens moins seule dans cette horrible épreuve qui me touche. En quelque sorte, je me libère aussi en vous livrant mon récit.

J’ai perdu subitement l’amour de ma vie à l’âge de 27 ans. Ça faisait huit ans que nous étions ensemble... Ce soir-là, il rentrait du sport. À peine ai-je eu le temps de lui faire un bisou et de fermer la porte, qu’il tombait par terre. J’ai dû commencer un massage cardiaque, et je me sens coupable, car j’ai l’impression de ne pas avoir eu les bons gestes. J’en veux aux secours d’avoir mis une éternité à arriver, cherchant leur chemin dans ma campagne. J’en veux au personnel médical de ne pas avoir pris le temps qu’il faut pour répondre à toutes nos questions. "Un arrêt cardiaque sans explication, ça arrive", nous a-t-on dit.

Avec le recul, je me dis qu’il y a peut-être eu des signes avant-coureurs. Il s’est plaint à plusieurs reprises de son cœur qui battait anormalement vite. Avec le sport, les cigarettes et le café, je le rassurais en lui disant que ça arrivait à tout le monde. Qu’il ne devait pas s’inquiéter, mais plutôt essayer de se calmer. Est-ce qu’on aurait dû prendre cela plus au sérieux? Je n’aurai jamais de réponses à mes questions et j’aurai toujours ces images horribles dans ma tête.

"Tu n’es pas seule, tu es forte…". Ces mots censés me réconforter me font mal au fond, car je suis quand même bien seule dans ma peine. Et je ne suis pas aussi forte que les gens peuvent le penser. J’arrive à prendre beaucoup sur moi, mais je m’arrache de mon lit tous les matins, et le soir je tourne en rond sans pouvoir trouver le sommeil avant le petit matin.

Je suis retournée vivre chez mes parents pour un temps. Mon papa est très malade et je me dois de rester forte pour lui, et pour soutenir ma maman. Leur montrer que ça va, pour ne pas qu’ils se sentent obligés de supporter ma peine en plus de la leur.

Aujourd’hui, je commence tout juste à réaliser que je dois tout recommencer à zéro. Apprendre à vivre seule, alors que depuis mes 18 ans je ne vivais que par lui. Il était ma force, mon amour, mon confident. Il m’apportait tellement de sécurité et d’affection. On était fusionnel. C’est dur de se dire que la terre continue de tourner et que la vie doit continuer.

Je vous envoie à tous plein de courage et beaucoup de tendresse pour affronter les épreuves auxquelles vous êtes confrontés. Merci à l’auteur de cet article qui me permet de mettre des mots sur ce que je vis.

Tendresse

Classé dans : Le deuil Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide

Commentaires (1)

Je suis d'accord avec vous que les encouragements du type "tu es forte", "il y a de belles choses qui t'attendent" ne font qu'attiser ma colère. Je n'ai pas le goût d'être forte, je veux ma vie avec lui qui m'a été enlevé. Je ne savais pas avant de le vivre à quel point on peut être seule dans le deuil d'un conjoint. Je continue d'avancer, mais j'ai le coeur lourd et ma première pensée au réveil c'est "encore une journée sans lui". Je n'arrive pas à envisager le moment où peut-être je me réveillerai le coeur léger. Bon courage, il nous en faut à toutes et à tous.

Christiane Morrow, 21 mai 2020

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