Mon papa aurait eu 50 ans dans quelques jours - Vos textes | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

Mon papa aurait eu 50 ans dans quelques jours

Mon papa aurait eu 50 ans dans quelques jours

J’ai 19 ans et j’ai perdu mon papa il y a 4 mois, il aurait eu 50 ans dans quelques jours. Contrairement à la plupart d’entre vous, je n’ai pas connu mon papa, j’ai été élevée depuis mon plus jeune âge par mes grands-parents maternels (abandon de ma maman et mon papa ne sentait pas capable de s’occuper de moi seul). Mon papa m’a toujours envoyé des cartes postales (il en était fan) pour mon anniversaire, Noël, la rentrée, ou juste parce que je lui manquais, des cadeaux à chacune de ses venues, qui étaient de mes 18 mois à mes 17 ans à peu près tous les ans. Un après-midi ou deux par an avec mon papa.

Avec le recul, je pense qu’il était rongé de culpabilité, il avait du mal à nouer des liens avec moi. En réalité, on ne se parlait quasi pas. Je l’ai, petite, considéré comme un inconnu, et plus grande comme un simple géniteur. Je ne savais comment réagir avec lui car je lui en voulais énormément. Donc je «fuyais». Mon papa a toujours eu mon numéro de téléphone, il m’appelait de temps à autre, des fois une fois par mois, une fois par an, c’était pas stable. Il changeait toujours de numéro, moi de mon côté je ne l’appelais jamais, je n’ai jamais pensé à aller le voir, moi.

Vous savez (pour ceux encore en train de me lire…) 3 jours avant son décès, il m’a appelée, je fuis la conversation et il ne sait pas la faire, nos appels en général duraient 1 min, j’aimerais exagérer, mais même pas... Il m’a demandé de venir manger chez lui (j’avais trouvé ça étrange) je lui ai dit que je regarderai, je n’ai même pas regardé mon calendrier, je me disais à quoi bon, on ne se parle même pas. Maintenant je regrette.

Le but de mon commentaire, c’est d’avoir des retours de personnes qui vivent ou ont vécu la même chose que moi. La perte d’un papa dont on a bien trop peu de souvenirs, ça me troue le cœur de n’avoir aucune photo avec lui, à part à la maternité (quand je suis née). Son décès, ça a été atroce. J’ai eu un coup de fil qui m’a réveillée, le gardien de son immeuble m’a appelée, je ne sais comment il a pu mais j’y ai pensé que bien après... Il m’a appelée pour m’indiquer qu’il avait fait un arrêt cardiaque et était au CHR. J’ai appelé de suite l’hôpital, ils l’avaient placé dans le «coma», plutôt une sorte d’anesthésie générale pour reposer son cœur après l’arrêt. Arrêt qui a duré au moins 15 min sans massage cardiaque. J’ai commencé à nouer des liens avec ma famille paternelle vers 15 ans. Ils n’étaient pas au courant, je les ai donc prévenus. Puis j’ai pris la route jusqu’au CHU. Mon papa était en état de mort cérébrale. Je suis restée à ses côtés pendant les 7 jours de son hospitalisation. C’était la première fois que j’étais autant avec lui sauf quand j’étais bébé. C’était très compliqué, je ne mangeais plus et ne faisais que de vomir, je faisais des allers-retours entre chez ma grand-mère paternelle et à mon domicile pour me ressourcer auprès de mon conjoint. J’ai dû faire face aux médecins, vu que j’étais sa seule fille, tout était sur mes épaules.

J’ai du mal à me rendre compte que c’est réel car pour être honnête, il ne faisait pas partie de mon quotidien, je pensais toujours à lui, mais je faisais rien, je me disais plus tard, quand j’aurai une voiture j’irai le voir… Maintenant j’ai l’impression d’avoir une relation avec lui, lui là-haut, moi en bas. Mais lui et moi quand même.

Merci de m’avoir lue.

Diana

Classé dans : Témoignages Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide Date : 28 octobre 2022

Commentaires (2)

Histoire très touchante, on ne dit jamais assez je t'aime à nos proches.

Danielle Paquette , 8 novembre 2022

Je n’ai pas vécu la même chose que toi (j’ai eu un père qui était alcoolique quand j’étais jeune, je l’ai vu souvent se chicaner avec ma mère, je lui en ai voulu longtemps pour les comportements qu’il a eu avec moi, qui m’ont blessé, et malgré des démarches, faites beaucoup plus tard dans ma vie, pour essayer de faire la paix, me rapprocher de lui, je n’ai pas réussi à développer une communication satisfaisante avec lui), mais je veux te dire que ton témoignage m’a touché. Je te fais un câlin pour adoucir ta peine. Et je te souhaite la force de continuer ton chemin en acceptant ton passé, les yeux tournés vers l’avenir.

René Boisvert, 9 novembre 2022

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