Quand j'essaie de me souvenir de toi, plein de mots me viennent à l'esprit... - Vos textes | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

Quand j'essaie de me souvenir de toi, plein de mots me viennent à l'esprit...

Quand j'essaie de me souvenir de toi, plein de mots me viennent à l'esprit...

Quand j'essaie de me souvenir de toi, plein de mots me viennent à l'esprit : douleur, bonheur, souffrance, tolérance, joie, rigolade, moquerie...

Mais ce que je me souviens, c'est que quand tu étais là, je pensais être une enfant qui attendait que tu la prennes dans tes bras, mais tu n'étais pas ainsi. Tu me disais si bien : « Ma princesse pas maintenant, papa est fatigué. Demain je te ferai une surprise. » C'est vrai, tu m'as toujours fait des surprises : m'emmener me balader de longues promenades où tu voyais ton ange courir dans les hautes herbes, le sourire aux lèvres, tout en criant : « Cours ! Papa court avec toi ! Regarde comme ça va vite quand on court tout les deux ! »

À ce moment, je ne comprenais pas très bien que l'amour d'un père ne se résume pas aux cadeaux et aux blagues que tu me réservais, mais à de l'amour. Tu ne savais pas comment t'y prendre, tu pensais que des câlins et des « je t'aime », ce n'était pas ça que ton enfant avait besoin. Mais maintenant je réalise que depuis ce 17 novembre 2012, le jour de mes 15 ans, ce qu'il me manquait, c'est tous ces « je t'aime ».

Je réalise maintenant le jour où tu m'as emmenée chercher mon cadeau d'anniversaire et que tu as demandé pour que j'appelle maman pour t'emmener à l'hôpital. Quand j'ai voulu venir avec toi, et que tu m'as dit « Ma poule va dans la voiture avec maman s'il te plaît », c'est la seule fois où tu m'as prise dans tes bras et que tu m'as dit « Je t'aime ». Je n'avais pas très bien compris car tu as commencé à pleurer en me disant que tout ira bien pour moi, que tout allait bien.

J'avais l'habitude de voir papa à l'hôpital. Pour moi c'était la routine, tu allais souvent à l'hôpital. Mais tout a changé quand le téléphone portable de maman a sonné sur le chemin de l'hôpital et quand maman a raccroché en me regardant avec les larmes au yeux en disant qu'il avait dû appeler l'ambulance. Maman a roulé très vite. Quand nous sommes arrivées, j'ai vu les lumières de l'ambulance et sa sirène qui m'a presque fait mal aux oreilles. Quand j'ai vu beau-papa revenir en pleurant, j'avais compris. J'ai presque démoli la portière de la voiture et là j'ai couru comme quand je courais dans les hautes herbes, en criant « Papa » de toutes mes forces. Je ne pouvais pas le croire, je ne VOULAIS pas le croire.

Et là, tout s'est écroulé. Je te voyais allongé sur un lit d'hôpital, tu avais l'air endormi. Je ne savais pas quoi faire, pleurer ou rester forte pour beau-papa et maman... je n'ai pas réussi, j'ai pleuré et encore pleuré. Ils m'ont tous beaucoup soutenue mais ils ne comprenaient pas pourquoi, au fur et à mesure des jours, je retombais en enfance. Je serrais si fort cette peluche que tu m'as offerte, croyant que tu allais revenir à la maison et que tu allais me dire : « Pas aujourd'hui princesse, papa est fatigué. »

Un jour, tu m'as dit : « Cassandra, tu prendras qui pour t'emmener à l'autel le jour de ton mariage ? » Je t'ai répondu : « Ben toi papa. » Et là tu m'as regardée avec un grand sourire et tu m'as dit : « J'espère que je serai toujours là. » Et je te l'ai fait promettre. Mais malheureusement tu n'as pas su la tenir. Ce n'est pas de ta faute, je ne t'en veux pas, oh non !

Beaucoup de gens se demandent pourquoi je suis si gamine pour mon âge, car tout s'est arrêté le jour où tu es parti. Je suis retombée en enfance et j'essaye de rattraper tous les « je t'aime » et les câlins que tu n'as pas eu le temps de me donner. Mais je ne suis pas la fille folle qu'on voit à l'école car si je garde en moi toutes les blessures du passé, c'est pour me rappeler tout ce que tu as fait pour moi.

Papa, je reste des heures en pensant aux moments qu'on a passés ensemble, mais je n'arrive à me souvenir que de ce 17 novembre 2012. Ne me demandez pas pourquoi je fais tout ça, je ne sais pas. Pourquoi cette retombée en enfance, pourquoi je ne parle jamais de toi au passé mais au présent ? C'est parce que pour moi tu es toujours là, PAPA !

Cassandra
Liège (Belgique)

Classé dans : Lettres Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide Date : 20 mai 2014

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