Je n'ai jamais écrit depuis ce temps où tout est devenu noir autour de moi, où j'ai senti que tu n'étais plus là. En dedans d'un mois, tout était fini. Tu as dit : "Que le meilleur gagne" et le cancer a encore une fois gagné. Ce fut la chose la plus difficile à entendre. Mon coeur a fait un bond de douleur, ma tête s'est mise à tourner, mon sang a parcouru mon corps comme s'il ne voulait plus être liquide, je me pensais hors de l'univers.  Je ne supportais pas cette douleur, la larme si souvent refoulée n'en finissait pas de couler comme un puits sans fond, toujours à la recherche de la source. J'entendais ta voix... Je me souviens de nos fous rires, c'était magique. J'attendais encore et encore ton téléphone qui n'arrivait plus. C'était comme des jours de pluie qui n'en finissaient plus.

Et un jour, j'ai filtré une lumière et j'ai aperçu les rayons du soleil sans porter d'intérêt, trop ancré dans mon corridor de noirceur, j'ai soudain entendu le son d'un oiseau et, petit à petit, j'ai ressenti la vie, doucement la brise du vent et le bruit de la ville. J'ai fait un tout petit pas, puis un autre, doucement, trop peut-être, mais j'avançais, je t'avais retrouvé après 55 ans et nous avons passé 8 ans à nous connaître. Au-moins je t'ai connu, pas longtemps certes, mais ce temps est précieux.

Peut-être que tu m'entends... Tout ce que je voulais te dire à toi et à tous ceux qui m'ont quittée, ce fut du temps de qualité et je vous ai tous dans mon coeur... et comme il est très grand, vous aurez toujours de la place à l'intérieur.

Je souhaite que votre prochain parcours soit aussi bénéfique que celui sur la terre et qu'un jour on se retrouve tous et que tout ça ne soit qu'un mauvais souvenir et qu'on puisse chanter à gorge déployée enfin réunis...

À très bientôt.

Inouka
Montréal (Québec)