Ce soir je suis venue te voir... - Vos textes | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

Ce soir je suis venue te voir...

Ce soir je suis venue te voir...

Ce soir je suis venue te voir vers 18h. Brève visite avec toujours le même pincement au cœur et la même incrédulité quand je vois ton nom gravé sur le marbre ; Jean-Claude........  : je l'ai tant vu ce nom, sur tant de courriers ; des années durant ; et puis j'ai eu peur de ne plus le porter quand nous n'allions pas bien ensemble ; et puis tu vois, je le porte toujours mais seule, plus personne à mes côtés ; mon entier est parti sans moi.

J'ai pensé aujourd'hui, justement en marchant dans le cimetière pour aller jusqu'à ta tombe, que je n'avais pas pu te dire au revoir ; que je n'avais pas fermé les volets dans le salon quand tu y étais sur ton lit de mort ; que je n'avais pas mis de bougies à brûler auprès de ton lit ; que je t'avais fait partir trop vite et que j'aurais dû te garder encore toute la nuit et rester auprès de toi ; ne pas te laisser partir tout seul dans la grande chambre froide auprès de laquelle tu reposes aujourd'hui...

Je ne voulais pas que le lendemain « tout » le monde te voit partir dans ton cercueil ; je voulais qu'on t'emporte discrètement et maintenant je regrette de ne pas t'avoir gardé plus longtemps, de ne pas être restée auprès de toi toute la nuit pour notre dernière conversation à sens unique (en somme, comme nous avons toujours fait !) pour que tu m'écoutes, pour tenir ta main, pour embrasser ton front blanc et froidissant, pour regarder ton beau et paisible visage un peu tourné vers la droite, pour regarder ton corps meurtri par tant de blessures intérieures, pour me rappeler le fringant et fier homme que tu as été et qui m'a appartenu longtemps dans l'âme si ce n'est par le corps avant d'être vaincu par mes constantes vindictes et récriminations.

Mon Claude, je ne savais pas que je détenais un trésor, je ne savais pas que les belles choses s'en vont et s'arrêtent, je le savais mais ne réalisais pas que je n'étais pas une exception et que le malheur pouvait aussi me tomber dessus à moi (après t'être tombé dessus, à toi). Claude, je t'ai déjà dit qu'un jour j'en mourrai...

Bonsoir mon Claude, je pleure parce que j'ai un gros chagrin d'amour et que celui-là va durer pour le restant de mes jours. T'aime très fort.

Brigitte

Classé dans : Lettres Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide Date : 21 octobre 2005

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